Femmes à L'université

Publié le par CNT Supérieur Recherche 87

Printemps 2005, "N'autre Ecole" N°10 (revue du syndicat éducation de la CNT) sortait un dossier "Filles et femmes à l'école... Mauvais genre ?"

Voici l'article toujours d'actualité des Femmes à l'université écrit par Catherine Dufour, chercheuse au CNRS, adhérente au syndicat CNT éducation Nancy, membre de la Commission femmes.

 

Les femmes à l'université

 

  Vous voulez trouver des femmes travaillants dans le suniversités et les laboratoires de recehrche ? Dirigez-vous au galop dans les administrations, les secrétariats... Vous y rencontrerez une majorité de femmes... Venez tôt le matin et vous rencontrez beaucoup de femmes chargées de l'entretien des locaux... Evitez absoluement les bureaux des Présidents, Doyens, les réunions des sections du Comité National Universitaire et celle du Comité national du CNRS. Les chances d'y rencontrer des femmes sont très faibles. Elles ne sont pas très élevées dans les bureaux de professeurs et des directeurs de recherche. Bref, contrairement à ce qu'on pourrait croire naïvement, les femmes qui travaillent dans le milieu universitaire sont victimes des mêmes discriminations que partout ailleurs: ce sont elles qui ont les emplois les plus mal payées, elles sont les plus nombreuses parmi les précaires, elles sont victimes de discriminations à l'embauche...

 

Enseignantes-chercheuses et chercheuses: des discriminations criantes:

 

Etat des lieux des différences hommes-femmes dans l'enseignement et la recherche. Rappelons d'abord que dans la plupart des universités "cohabitent" deux groupes de personnels titulaires qui enseignent et/ou font de la recherche: les personnels universitaires (maîtres de conférence et professeurs) et les personnels d'organismes de recherche comme le CNRS (chargés de recherche et directeurs de recherche). L'accès à ces quatre statuts se fait sur concour, Quelle est la place des femmes parmi les enseignants-chercheurs ? 34% de femmes parmi le smaîtres de conférence et 14% parmi le sprofesseurs, les chiffres parlent par eux-même... Notons au passage que les chiffres varient beaucoup d'une université à l'autre: dans certaines universités de province le taux de féminisation parmi le sprofesseurs est très faible ( par exmeple 3%!!).

Et au CNRS, les chiffres sont presque identiques: 37% de femmes parmi les chargés de recherche et 12% parmi les directeurs de recherche de plus haut grade. Evidement, ces discriminations dans les promotions se traduisent par d'importantes inégalités de salaire.

 

Si les femmes sont aussi inégalement représentées dans le haut de la pyramide des emplois, elles sont aussi inégalement représentées par disciplines. Par exemple en lettres, on est maintenant proche de la parité en ce qui concerne les maîtres de conférences avec cependant que 27% de femmes professeurs. En sciences, elles sont 29% chez les maîtres de conférences et moins 10% dans le corps des professeurs.

Selon les chiffres émanant de la direction de l'enseignement supérieur, si on voulait, en 2003, obtenir la parité exacte dans les postes de professeurs des universités, i lfaudrait remplacer par des femmes au moins 480 professeurs de droit, 1400 professeurs de sciences et 1700 professeurs des disciplines de santé !

En général, le taux de féminisation ont assez peu évolué depuis 30 ans, y compris ces dernières années en dépit d'une soi-disant prise de consicence du problème par les institutions. Si on fait un rapide tour du monde, le sinégalités sont en moyenne p^lutôt pire qu'en France: les chiffres disponibles montrent que le taux de féminisation des postes de professeurs est de 21% en Turquie et 18% en Finlande, alors qu'il n'est que de 6% en Allemagne et 5ù au Pays-Bas.

 

                               

 

Comment les institutions "gèrent" ces discriminations.

 

Ces dernières années "tout le monde" semble avoir décidé de se préoccuper de façon très officielle des inégalités entre les hommes et les femmes dans le milieu de l'enseignement et de la recherche à l'université.

Dès 1999, le Ministère de l'Education Nationale a produit u nrapport intitulé "les enseignants chercheurs: "la place des femmes"; en 2001, le CNRS a crée la Mission pour la place des femmes dans la recherche, la Commission européenne se préoccupe de "promouvoir les femmes dans le secteur scientifique", les colloques sur les thèmes "Femmes et sciences" fleurissent un peu partout...

Le résultat est que maintenant, on peut trouver facilement des chiffres précis mettant en valeur les discriminations dont sont victimes les femmes à l'université. Cet état de fait mis à aprt, rien" absoluement rien n'a changé... Par exemple, le CNU produit maintenant après chacune de ses sessions des statistiques ventilées par sexe. Mais aucun de ses membres ne semble s'intérroger à leur sujet. Et les taux de rejet des candidatures féminines restent très élevés.

 

Au-delà des chiffres, les discriminations hommes-femmes au quotidien.

 

Il existe des formes subtiles de discrimination. Par exemple, il est montré qu'il existe une différence de considération de parole quand c'est un homme qui parle et quand c'est une femme. Cette différence est particulièrement marquée dans certains milieux scientifiques. Enseignantes-chercheuses et chercheuses doivent en général "en faire beaucoup plus" que les hommes avant d'obtenir la considération de leurs pairs. Dans le milieu de la physique, de la chimie et des mathématiques, les plaisanteries sur les capacités "scientifiques" des femmes sont monnaies courantes. Quand les femmes ont des enfants, les scientifiques "hommes" (souvent pères de famille eux-même mais avec une compagne au foyer ou travaillant à mi-temps) leur font régulièrement remarquer que "la recherche est un sacerdoce" et que "on ne peut pas faire de recherche si on ne s'y consacre pas nuits et jours"...

 

                       

 

Les origines des inégalités

 

Le sinégalités de situations entre les hommes et les femmes dans l'enseignement et la recherche à l'université ont de nombreuses origines.

Notons tout d'abord ces inégalités existent dès l'embauche: elles reflètent celles observées au niveau du doctorat et en second cycle universitaire. Pourtant, c'est un fait aujourd'hui bien établi et connu: les filles réussissent mieux à l'école que les garçons; alors pourquoi de façon paradoxale dans le système compétitif dans lequel nous vivons, n'obtiennent-elles pas au final la majorité des postes de professeurs d'université (ou de façon générale les meilleurs emplois rémunérés ?)

Au lycée, les filles accèdent plus souvent que les garçons, et plus jeune, au niveau du baccalauréat. En revanche, il faut noter que 37ù des bachelières générales ont obtenu leur bac dans la série scientifique, contre 68% des garçons.

Après la terminale, le caractère très séxué des séries choisies au lycée a une incidence très forte sur le type d'études supérieures dans lesquelles s'engagent filles et garçons. Même si les filles accèdent plus souvent au premier et au deuxième cycles, elles accèdent moins souvent au troisième et aux grandes écoles.

En raison des différences de logiques de parcours, le niveau des diplômes obtenus à la sortie du système éducatif par les filles n'est pas à la hauteur de ce que laissait espérer leur réussite scolaire.

 

La sociologue de l'éducation Marie Duru-Bellat explique ce phénomène. Le système éducatif fait tellement confiance aux garçons, qu'il considère comme "doués" alors que les filles sont "studieuses", qu'il les condit à se persuader de leurs talents et à choisir des cursus que les filles n'osent même pas envisager.

Ainsi, les résultats obtenus perdent de leur pertinence: à notes égales, un garçon choisira une filière scientifique, une fille ne s'estimant pas assez solide.

Les freins de la carrière universitaire des femmes sont de tous ordres, mais la vie familiale est probablement l'un des plus évidents, des moins dits et des moins bien compensés. Grossesses, maternité, apanage des femmes avec un temps d'interruption de la recherche. Charges domestiques, éducation des enfants, tâches mal partagées. Prise en compte de la carrière du mri au détriment de celle de la femme pour établir le lieu de résidence. Evocation du statut du mari (salaire, fonction) pour, dans les commissions ad hoc, évincer une femme dans une promotion ou nomination au profit d'un homme, qui lui, est dit chef de famille.

Par ailleurs, la carrière des enseignantes-chercheuses est fort souvent "ralentie" car elles s'investissent beaucoup dans l'enseignement. Les enquêtes montrent que c'est un élément important pour elles plus que pour les hommes. Malheureusement, il n'est pas valorisé dans le dossier de l'écolution de carrière. La recherche masque alors tout l'investissement des femmes dans le domaine de l'enseignement.

 

                                  

 

Que revendiquer pour les femmes à l'Université ?

 

D'abord l'accès aux études à toutes et à tous sans discrimination sexuelle ni sociale. Il faut aussi revaloriser l'image des femmes en général et l'image des femmes scientifiques en particuiler: pour cela, il fautdrait "revisiter" les livres d'histoire et ceux d'histoire des sciences qui oublient trop souvent les femmes.

Quant à réclamer l'égalité de carrière entre les hommes et les femmes à l'unviersité, sûrement pas.

Pour ma part, je ne veux surtout pas devenir Présidente d'Université... Pour moi, l'alternative anarcho-syndicaliste est de se positionner clairement contre l'existence de la hierarchie dominante sous toutes ses formes: se  battre pour la suppression des grades de professeurs et directeurs de recherche, contre les concours et les systèmes d'évaluation de carrière (aujourd'hui de plus en plus nombreux et coercitifs). La suppression de tout le système hierarchique se traduirait alors aussi par la disparition des inégalités de salaire...

D'une facçon plus généralisée, il faut se battre aussi pour une université où les décisions ne seraient pas prises par une poignée de personnes "spécialisées dans la prise de décision". Il faut proposer l'autogestion des laboratoires par l'ensemble des personnels et des étudiants.

Comme partout ailleurs, il vaut mieux repenser la notion de travail et avancer des slogans comme "travailloons tous et toutes moins et autrement". Cela permettrai d'embaucher des jeunes et donc des jeunes femmes qui restent plus souvent sur le carreau après leur doctorat que leurs homologues masculins.

Quelle serait la situation des femmes dans des universités où la recherche concurentielle et compétitive serait abloie, où la recherche ne serait plus le reflet d'un système économique (et utilisé dans des buts militaires, non écologiques ou utilitaristes) ? Dans de suniversités où les sciences participeraient à l'émancipation de l'être humain et non pas à son aliénation ou sa destrcution ? Il est évident qu'elle serait différente de ce qu'elle est aujourd'hui !

Repenser la notion de travail, c'est aussi et surtout repenser la société toute entière. Et si on imaginait une société qui nous laisserai le temps à consacrer à nos enfants, à nos parents, à nos loisirs, qui nous permettrai des activités des plus variées et plus choisies... peut-être que le problème des inégalités hommes-femmes au travail en général et à l'unviersité en aprticulier se poserait différemment.

 

Cependant, n'oublions pas que si il est vrai que le sexisme sert le système universitaire compétitif qui nous est imposé aujourd'hui (comme il sert le capiatalisme), il est probable que sans lutte de fond spécifique (antisexiste, féministe) il leur survivra.

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